Article,  Par Laura et Tristan Sadones

LE STREET ART, PHÉNOMÈNE DE MODE

Depuis quelques années, le phénomène artistique du street art ne cesse de se propager à grande vitesse dans nos villes, au coin de la rue et à l’autre bout du monde. Derrière cette tendance qui gagne de plus en plus de partisans, se cachent des dizaines d’artistes à l’imagination débordante qui ont à cœur de faire rêver les passants par leurs œuvres monumentales disséminées dans les milieux urbains, parfois dans les endroits les plus insolites. Et lorsque les maisons de jeunes s’y mettent, que les passionnés partent à la chasse de ces fresques pour les immortaliser, cela ne peut donner qu’un phénomène à l’avenir extrêmement prometteur. Escapade à la découverte du street art, un univers infini aux mille couleurs où la créativité est reine.

 

Street art au cœur de Bruxelles © Laura Maes

Aux Pays-Bas, le Studio Giftig a été fondé en 2007 par Niels van Swaemen en collaboration avec Kaspar van Leek. Ils réalisent des peintures murales de street art chez eux et à l’étranger, allant de grandes façades extérieures jusqu’aux plus petites œuvres exposées dans les galeries d’art. Niels van Swaemen explique : « L’inspiration peut provenir de n’importe où. Du cinéma ou de la télévision qui peuvent être des éléments déclencheurs de notre travail ou d’une ville où nous nous trouvons à ce moment-là. Parfois, cela peut aussi provenir d’un morceau d’histoire d’une ville ou d’une période particulière. » Parce que c’est de l’art dans l’espace public et accessible à tous, des plus jeunes aux plus vieux, nous avons le sentiment de toucher à toutes les tranches de population. Niels van Swaemen est en convaincu : « Je pense qu’il est de plus en plus important pour les villes de se démarquer et qu’elles puissent également utiliser cela comme un outil de marketing pour attirer les gens vers le centre-ville et ses commerces. Et le contraste de couleurs entre le côté urbain de la ville et nos réalisations rend l’environnement plus intéressant pour tout le monde. « 

L’art pour tout le monde

Le duo d’artistes se montre polyvalent dans sa façon de travailler : « Nous proposons des créations aux clients, et parfois les commandes viennent de l’extérieur. Nous faisons les deux. Si cela vient de l’extérieur, il est important pour nous de pouvoir créer nos propres images de street art. Et que nous puissions être libres dans ce que nous voulons produire. » Il poursuit: « Nous n’avons pas vraiment de message précis, mais c’est bien pour nous si nous pouvons donner aux passants une pause dans leur journée. »

Dans nos régions, une ville montre un dynamisme particulièrement remarquable en matière de street art. Mons, capitale du Hainaut, regorge en effet de fresques murales de haute qualité, disséminées non seulement dans le centre-ville, mais aussi dans de nombreuses localités voisines, comme Nimy ou Jemappes. La ville devient ainsi à musée à ciel ouvert avec la possibilité de réaliser des parcours street art, à pied ou à vélo. Un événement a initié ce tournant majeur dans la vie culturelle de Mons : Mons 2015, capitale européenne de la culture. Depuis, le street art ne cesse de se propager dans les moindres recoins, et les amateurs en sont ravis. Mais il faut replacer le street art dans un contexte plus large, puisqu’il est présent sur toute la planète, ce qui le rend complètement universel.

Fabrice Gevaert, un passionné de Renaix, est photographe amateur et chasseur de street art depuis de nombreuses années. Pour lui, c’est devenu une passion dévorante: “Le street art est une forme d’expression que beaucoup d’artistes utilisent pour exprimer leur mécontentement, pour protester. » Il y a aussi une différence entre les tags, les graffitis et le street art. Les tags à partir desquels des graffitis apparaissent étaient déjà un moyen d’exprimer un mécontentement, voire un peu de vandalisme. Le graffiti est devenu une forme plus agréable de lettres et a évolué vers le street art où davantage d’images sont utilisées. Ces endroits préférés sont les bâtiments abandonnés où l’art de rue et la décadence ont un lien. « En tant que chasseur de street art, j’aime voyager en Espagne pour cela, mais Renaix en tant que petite ville n’est certainement pas inférieure aux grandes villes en termes de street art » explique le passionné. Fabrice Gevaert a aussi eu l’occasion de découvrir le street art à l’étranger : au Portugal, aux Émirats arabes unis et sur une île en Indonésie, entre autres.

Des histoires à raconter

« Nous voulons toujours raconter quelque chose avec nos œuvres, mais cela varie énormément et c’est différent pour chaque œuvre. Aucune réalisation ne ressemble à la précédente ni à la suivante. » Les responsables de Studio Giftig poursuivent : « Nous n’avons pas vraiment d’œuvre préférée. Mais il y a certains projets qui nous étaient chers, comme le voyage en Jordanie. Nous travaillons actuellement sur la plus haute peinture murale des Pays-Bas qui se situera à La Haye. Ce sont des œuvres dont nous sommes extrêmement fiers. » Pour Émilie Vandenbroucke, animatrice coordinatrice à la MJ Carpe Diem de Comines, le constat est clair : « Je crois que le street art est de plus en plus pratiqué parce que la rue permet d’être directement visible de tous, cela devient un véritable musée à ciel ouvert. Le street art englobe beaucoup de mouvements et de pratiques différentes, c’est ce qui lui donne sa richesse. Le public sera touché par un certain type d’œuvre, selon ses goûts, c’est un peu comme un jeu. » Pour les street artistes, le but principal est de surprendre mais aussi d’attirer le regard. « Si l’on construit une œuvre, on veut qu’un maximum de personnes puissent l’admirer. Alors naturellement, la rue c’est le meilleur endroit pour atteindre cet objectif », affirme l’animatrice.

Au sein d’une maison de jeunes, la pratique du street art est une forme d’art pluridisciplinaire. En effet, il permet de toucher à plusieurs techniques différentes et d’ouvrir un large champ des possibles. Le jeune public se sent directement concerné. Et lorsque les jeunes peuvent être impliqués dans la vie culturelle locale, la commune se montre très enthousiaste : « Nous avons aussi reçu l’autorisation d’investir différents murs qui appartiennent à la ville, ce qui permet de réaliser des projets sans devoir se démener pour trouver des emplacements » raconte la coordinatrice. Via le street art, les jeunes peuvent découvrir des techniques variées, s’exprimer sur des sujets qui les intéressent, symboliser une parole parfois enfouie. Les maisons de jeunes sont là pour les amener à s’exprimer. Et à la MJ de Comines, les réalisations se comptent déjà en nombre : « Il y a eu des projets de collages éphémères par l’atelier street art en 2018. On a aussi monté une exposition collective « les mauvaises herbes » qui est en ville actuellement. » Les jeunes aiment puiser leur inspiration dans le monde qui les entoure : « On rebondit sur une actualité particulière ou une situation qui a pu être vécue par chacun d’entre eux pour ensuite en tirer un message collectif ». Mais Émilie Vandenbroucke admet que parfois, il peut s’agir tout simplement d’un projet d’ornementation, bref, de l’art à l’état pur où la créativité n’a aucune limite.

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